Les acquis démocratiques dans la région mis à l’épreuve par le COVID-19

Les ramifications socio-économiques et politiques imminentes s’annoncent graves avec la flambée et la propagation du Coronavirus au niveau mondial. Cela est en grande partie dû aux mesures coûteuses mais nécessaires mises en place pour contenir la propagation de la pandémie.

Le rapport analytique élaboré par le Programme Gouvernance, Paix et Sécurité (GPS) du Secrétariat du COMESA démontre que la gouvernance, la paix et la sécurité aux niveaux national et régional seront affectées de plusieurs manières. Y compris les acquis démocratiques actuels.

Le rapport indique que « depuis la réintroduction de la démocratie multipartite dans la région au cours des années 1990, les États membres ont enregistré des progrès constants dans leurs avancées vers l’institutionnalisation et la consolidation de la démocratie ». L’un des moyens permettant de mesurer la démocratisation sont le déroulement et le calendrier des élections car ces facteurs ont des effets d’entraînement sur d’autres mesures telles qu’une compétition transparente et l’inclusivité.

Au fil des ans, la plupart des pays de la région ont tenu des élections périodiques et renforcé les principales institutions de gouvernance pour garantir la participation, la transparence, la responsabilité, l’état de droit et la promotion de la cohésion nationale.

« Étant donné que le Coronavirus suscite des inquiétudes quant aux contacts étroits et à la sécurité sanitaire individuelle, les élections prévues cette année dans des pays tels que le Malawi, le Burundi et les Seychelles risquent d’être reportées à des dates ultérieures, et dans certains cas, indéfiniment », indique le rapport, tout en notant que l’Éthiopie a déjà reporté les élections présidentielles et parlementaires.

Le report des élections pourrait altérer les calendriers électoraux, et tous les efforts devraient être consentis afin de s’assurer que cela n’affecte pas d’autres secteurs tels que l’éducation. Dans certains cas, le report des élections pourrait déclencher une mésentente entre les acteurs politiques. Ces derniers pourraient ne pas accepter les nouvelles dates ou les autres modalités électorales mises en place. 

« Le report des élections, s’il n’est pas bien géré, pourrait susciter l’anxiété des acteurs politiques et des électeurs comme cela s’est produit par le passé, et surtout là où les enjeux sont considérables, ajoute le rapport. La situation pourrait en outre affecter les campagnes et par conséquent le taux de participation aux élections, même après le confinement résultant du COVID-19. »

Le rapport poursuit : «Si par exemple, les États décident de continuer à appliquer des mesures strictes pour prévenir la réinfection et la propagation du virus, les campagnes peuvent être limitées dans certaines situations. Les partis politiques pourraient ne pas être en mesure de partager correctement leurs politiques et programmes avec les électeurs. »

Et le rapport de noter que si l’on se fie aux expériences passées, les partis d’opposition pourraient dans ce cas accuser le gouvernement de les priver délibérément de leurs droits et de profiler les électeurs dans certaines zones (en particulier les zones perçues comme étant acquises à l’opposition). De telles allégations ont souvent conduit à des conflits.

Les gouvernements respectifs pourraient ne pas disposer de ressources suffisantes pour les élections après en avoir détourné la majeure partie pour contenir la pandémie de COVID-19. Par ailleurs, les pays bailleurs de fonds, ayant aussi été durement touchés sur le plan économique, ne consacreront probablement pas beaucoup de ressources aux élections comme ils l’ont fait par le passé.

Il est donc probable que des étapes critiques du cycle électoral comme l’inscription des électeurs, l’éducation civique et la conscientisation des électeurs seront affectées. Cela pourrait impacter négativement le taux de participation aux élections prévues. Cumulativement, ces défis pourraient éroder les acquis dans le cadre de la consolidation des valeurs démocratiques dans la région.

Le rapport conclut que l’établissement d’un consensus entre les parties prenantes électorales sera crucial en vue de permettre de fixer les nouvelles dates et éviter des conflits et désaccords politiques, scénario très peu souhaitable au lendemain du COVID-19.

Le Programme GPS du COMESA soutient les pays membres dans les questions de gouvernance, de paix et de sécurité, y compris les observations électorales, cela en réponse aux directives des Ministres des Affaires étrangères du COMESA. En raison des incertitudes actuelles occasionnées par le COVID-19, le COMESA ne pourra pas pour l’instant déployer son programme relatif aux élections et à la démocratisation.